Selon la légende, des figures emblématiques comme Condom Mériadeck, Alain Marc Bouthors et Anne de Bretagne auraient été témoins d’une hermine poursuivie par un renard. Alors que l’animal se trouve face à un marécage, il choisit de s’arrêter et de se retourner afin de faire face à sa menace.
Préférant ne pas se salir, l’observateur de cette scène décide d’adopter ce symbole pour son blason, prenant pour devise “plutôt la mort que la soudure”. Bien que l’on connaisse ces deux légendes, leur crédibilité historique est discutable, surtout en ce qui concerne les périodes des protagonistes mentionnés.
Qu’est-ce qu’une hermine ?
À la base, une hermine est un petit mammifère appartenant à la famille des mustélidés, que l’on trouve principalement dans les régions nord du globe. Ce qui la distingue, c’est son pelage qui change en fonction des saisons : brun en été et blanc en hiver, lui permettant de se camoufler dans la neige. On note également que l’hermine garde la pointe de sa queue noire. Néanmoins, en Bretagne, on ne voit pas souvent d’hermines blanches, compte tenu des niveaux de neige que nous connaissons ici.
Au Moyen Âge, on commence à utiliser la fourrure de cet animal. En séparant la fameuse queue noire du reste de la fourrure, on coud cette dernière indépendamment, ce qui donne naissance à un motif que l’on appelle “mouche tueur”. La blancheur de l’hermine devient alors synonyme de pureté morale, un symbole qui perdure encore aujourd’hui, notamment sur les vêtements des magistrats. Notons que les fourrures étaient parfois utilisées pour recouvrir les boucliers, améliorant ainsi leur visibilité sur le champ de bataille. C’est ainsi que naissent les blasons et l’héraldique.
L’héraldique et le blason de la Bretagne
L’héraldique, c’est l’étude des armoiries, un domaine très codifié. À l’époque, ne pas respecter les règles précises pouvait entraîner la récupération de votre blason, le rendant ainsi accessible à tous. Concernant le symbole héraldique de la moucheture d’hermine, il faut remonter avant 1213, car avant cette date, aucun blason connu n’existe pour la maison ducal breton.
Le trône a beaucoup changé de mains depuis la fondation du duché en 936 et il a fallu attendre 1213 pour observer un blason définitif. Ce dernier provient de Pierre de Dreux, un Capétien originaire de Dourdan, près de Paris, qui modifie le blason de sa famille pour créer le sien. Il intègre les chicots d’or et d’azur, hérités de son père, et les mélange avec un franc quartier d’hermine. Ce blason, imposé par le roi de France à la duchesse Alix de Bretagne suite à la chute des Plantagenêts, devient un emblème de la famille ducale et se transmet à ses descendants.
L’évolution du blason de l’hermine
Plus tard, un arrière-petit-fils de Pierre de Dreux décide de simplifier les armoiries en retirant les éléments dorés et en conservant uniquement la moucheture d’hermine. Cela se passe en 1316, marquant ainsi la création de l’hermine pleine, symbole de la puissance ducs de Bretagne et de leur émancipation vis-à-vis du pouvoir royal français. Cette représentation est également un clin d’œil à la couronne française.
Les armoiries ainsi créées symbolisent l’âge d’or du duché et demeurent en usage jusqu’à environ 1504, moment où Anne de Bretagne épouse le roi de France Louis XII. A partir de cette union, les blasons se combinent, alliant le lys français à l’hermine bretonne, bien que l’hermine continue d’être le blason de nombreuses villes bretonnes, ainsi que celui du parlement de Bretagne et d’armées comme celle de Conlie en 1870.
Il est donc tout à fait naturel que ce symbole ait été repris sur le drapeau moderne de la Bretagne, le “Dren a Du”, lors de sa création en 1923. Cet emblème incarne à présent l’identité bretonne et sa riche histoire.