Dispac'h – Collectif indépendantiste breton

L’État français divise la paysannerie

Retour sur une matinée de mobilisation pro et anti loi Duplomb à Guipry, en ille et Vilaine.

L’État français divise la paysannerie

À l’appel de la FNSEA et des JA, un rassemblement était prévu pour mettre la pression sur Mathilde Hignet, députée de La France Insoumise à Guipry, opposée au texte de loi dit « loi Duplomb ».

Ce texte, porté par le sénateur Laurent Duplomb — lui-même ancien élu du syndicat productiviste FNSEA — viserait à lever « les contraintes » du métier d’agriculteur.

Ce texte prévoit notamment la réautorisation des néonicotinoïdes, le soutien aux projets de mégabassines et d’élevages industriels, l’épandage par drone, la réintroduction de pesticides interdits, et la remise en cause du fonctionnement de l’ANSES, l’agence chargée de l’évaluation des produits phytosanitaires.

Dans la foulée, la Confédération paysanne a appelé à un rassemblement de soutien.

Elle rappelle que cette loi ne bénéficiera qu’à une poignée d’agriculteurs et que c’est bien le manque de revenus, et non les normes environnementales, qui pèse ujourd’hui sur les paysannes et paysans.

Avenue du Port, entre deux écoles, la permanence de Mathilde Hignet est encerclée. Les militants de la Confédération paysanne et leurs soutiens sont nombreux pour marquer leur présence. La gendarmerie française aussi : six camions de gendarmes mobiles, trois gendarmes en civil au sein du rassemblement, une voiture banalisée, une camionnette du PSIG et plusieurs véhicules de brigades locales bloquent la rue principale de la ville. Trois fois plus de manifestants se sont mobilisés pour soutenir la députée que pour appuyer la FNSEA.

L’ambiance est joyeuse, marquée par des éclats de rire. La Confédération propose, par l’intermédiaire de militants, aux agriculteurs de la FNSEA de venir discuter — sans réponse.

S’en suit un kan ha diskan et un cercle improvisé, où s’élèvent des chants à la gloire de la paysannerie et de la culture populaire bretonne. Cette culture populaire renaît dans une classe paysanne progressiste, preuve que les cultures locales peuvent être des vecteurs de cohésion sociale et de progrès.
À l’inverse, triste constat : en face, aucun chant, aucun rire ne s’élève.

Pourtant, ces agriculteurs sont d’ici. Mais ils transportent un vide culturel et politique. Leur culture est bien populaire, mais malheureusement enfermée dans des idées conservatrices.

Et la faute n’en revient pas aux lois écologistes, ni seulement aux gauchistes français hors-sol, mais bien à la bourgeoisie française — et bretonne — qui, depuis toujours, vote des lois pour accaparer les richesses produites par les travailleuses et travailleurs de la terre. On assiste à une paysannerie vidée, aseptisée, hors-sol, comme sa production. Empêtrée dans un système productiviste hérité de leurs parents, eux-mêmes séduits par un capitalisme présenté comme une sortie de la misère sociale et économique de leurs campagnes. Beaucoup ont renié leur identité pour tomber dans la facilité du capitalisme, et dans une société sans culture populaire, sans entraide, sans solidarité.

 

Scène ahurissante : deux mondes paysans s’échauffent en plein bourg, à côté de deux écoles primaires

Comme une cour de récréation où deux bandes se toisent. Mais cette fois, ce ne sont pas les professeurs qui encadrent les gens, ce sont les gendarmes, les soldats de la République.

L’État français nous divise.

Un État breton ne ferait peut-être pas mieux, reconnaissons-le. Mais un idéal indépendantiste peut porter les germes d’un modèle politique et social où la démocratie locale, participative ou directe, primerait — et non la répression armée au service de la bourgeoisie française et bretonne.

Nous devons faire société. Des ponts sont possibles. Nous avons toutes et tous des liens, directs ou indirects, entre classes, entre cultures.

Nous, la jeunesse bretonne indépendantiste, devons reprendre nos fermes, nos commerces, nos ateliers. Tout ce qui crée de la richesse et qui peut faire vivre la société que nous voulons.

Récupérons nos richesses pour en faire un outil de solidarité et une force de lutte.

Les ennemis des travailleuses et des travailleurs de la terre sont au-dessus de nous, pas entre nous.

N’oublions jamais les paroles de Gweltaz ar Fur :« Le sort du bourgeois français ne sera guère enviable,mais le sort des bourgeois bretons, il sera encore pire. »

Vive les agricultrices et les agriculteurs ! Vive les cultures populaires ! Vive le socialisme ! Vive la Bretagne !

Dispac’h, le 26 mai 2025
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